patrick bittan Bio
Par Ludovic Mauchien
Il n’a que 49 ans (en 2022) mais sa vie pourrait déjà remplir plusieurs tomes d’une oeuvre littéraire. Aux confins du romanesque, au coeur du quotidien, Patrick Bittan a contribué à l’histoire des arts martiaux français. Nourri au Judo, forgé au Krav Maga, éduqué à la Boxe thaï, c’est dans le Jiu-Jitsu Brésilien qu’il trouve sa plénitude et qu’il touche l’essence de l’art. Il est l’un des pionniers de la discipline dans l’Hexagone. En 1997, il participe aux 2e Championnats de l’histoire. Il part régulièrement s’entraîner au Brésil avec les plus grands noms du JJB. A la fin des années 90, il s’exile aux Etats-Unis et devient l’élève de Rickson Gracie pendant quasiment deux années. Au début des années 2000, il est la première ceinture noire française à remporter des médailles aux Mondiaux de JJB. Aujourd’hui, avec son 6e Degré, il est le plus haut gradé non Brésilien vivant en Europe. Il est surtout l’un des plus brillants enseignants de la discipline. Fondateur de la Bittan Academy en 1999, il professe son art à quelque 1000 élèves répartis dans ses deux clubs français. Reconnu pour ses qualités pédagogiques, il est appelé pour délivrer son expertise dans différents pays. Repéré pour ses compétences professionnelles, il intervient pendant de nombreuses années auprès de prestigieux groupes d’intervention, en France GIGN et ERIS) comme en Israël. Patrick Bittan voue sa vie aux arts martiaux, vie sa passion du Jiu Jitsu Brésilien au quotidien. Il ne pratique pas le JJB. Il l’incarne !
Highlights d’une vie pas comme les autres…
Patrick Bittan
« Le Krav, c’est être plus agressif que son agresseur »
Il avait stoppé le Krav Maga pour mieux se consacrer au Jiu Jitsu Brésilien, dont il est le plus haut gradé européen. Ironie de l’histoire, c’est grâce au JJB qu’il va retrouver le chemin de l’école de combat israélienne. En 2001, il développe le Jiu Jitsu en Israël et côtoie les troupes d’élite qui lui redonnent goût au Krav. En 2003, il crée la FFMI (formation française de maîtrise d’individu), qui associe son savoir-faire en JJB et en Krav. Depuis, il intervient auprès de plusieurs unités d’élite. S’il est avant tout connu pour le Jiu Jitsu Brésilien, Patrick Bittan est aussi un expert reconnu en Krav Maga, son 2e dada. Dès l’âge de 12 ans, il en apprend les rudiments à Sarcelles, auprès d’un ancien commando israélien, Joseph Kalfa (1952-2010), fondateur de l’Hakoah Club JK. « C’était l’époque des gangs, qui étaient appelés les sectes. Sarcelles était un melting pot. On avait tous des cultures différentes. On s’entendait bien mais il y avait des problèmes. Entre la drogue, les agressions, le vol… C’était assez violent. A l’époque, le Krav Maga était communautaire. Les filles, les hommes, tout le monde, prenaient des cours afin d’avoir les bases pour se défendre dans la rue. Notre professeur était un ancien de l’armée israélienne qui avait aussi été dans les paras en France. Il était assez militaire… ». Sous-entendu, le Krav Maga enseigné par Joseph Kalfa l’était aussi. « Etre plus agressif que son agresseur » prenait alors pleinement son sens. En parallèle du Judo, qu’il a commencé à 6 ans, et de la Boxe thaï, Patrick Bittan est assidu au Krav Maga. Il reçoit sa ceinture noire 10 ans après ses débuts, en 1995. « On allait dans les clubs de Sarcelles. On côtoyait des champions de boxe, boxe française, Thaï, Kick, full. Cela m’aidait beaucoup dans mon Krav Maga ». 1995 correspond aussi à l’année où il entend parler de JJB. C’est le coup de foudre. Dès 1996, il abandonne tout pour se consacrer exclusivement à l’art des Gracie dont il devient l’un des pionniers français. « C’était très compliqué d’enchaîner le Krav et le Jiu Jitsu. En plus, pour le haut niveau, il fallait que j’arrête les percussions et que je commence à avoir un autre jeu, une autre approche de la confrontation ». En 2001, après avoir notamment séjourné un an et demi aux Etats-Unis auprès de Rickson Gracie et obtenu sa ceinture noire des mains de Flavio Behring, il est invité en Israël pour dispenser un stage de Jiu Jitsu Brésilien. « C’était la 1ère fois qu’un prof ceinture noire leur montrait du JJB. Royce Gracie est venu un mois après. Je suis donc le pionnier du JJB en Israël », sourit-il. Les différents stages dispensés l’amènent logiquement à côtoyer des membres des forces de sécurité, police comme armée, intéressés par les techniques développées. « J’ai eu la chance d’être approché par des unités spéciales, avec lesquelles je continue à travailler. Le Krav Maga est fait pour répondre à la violence par la violence. Le problème doit s’arrêter instantanément. Les militaires étaient intéressés par développer des techniques de maîtrise de l’agresseur, non de destruction. On a commencé à développer des méthodes. Avoir autant pratiqué le Krav Maga avant m’a aidé dans la recherche de solutions. Et cela m’a aussi redonné goût du Krav ». Dès lors, il ira s’entraîner au minimum un mois par an en Israël, auprès des plus grands (KMG d’Eyal Yanilov, Zeev Cohen, Impact KM,Surviving Denis Hanover Hisardut, Itaï Gil, ect…). « Je n’avais pas d’étiquette donc j’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner avec tous ».Il forme des unités très spéciales depuis 2001 tell que le Shabak, Yamam, Shaetet 13, Duvdevan, Massada, Magave,ect… De ses expériences, Patrick Bittan va rapidement rédiger une méthode associant ses différentes cultures martiales, qu’il va développer à travers la « fédération française de maîtrise d’individus ». A partir de 2003, il intervient auprès d’unités prestigieuses, le GIGN et les ERIS en tête de liste, une collaboration qui durera jusqu’en 2016. Mais son travail et sa recherche se poursuivent toujours. « Je développe mon Jiu Jitsu et mon Krav Maga au même niveau. C’est énormément de travail. Il faut se tenir au fait des informations. Les gens n’agressent pas de la même façon aujourd’hui qu’il y a 10 ou 20 ans, dans les prisons comme dans les transports en commun. La vie évolue. On est là pour trouver les meilleures solutions ».
La genèse
En septembre 1996, Patrick Bittan s’inscrit à l’école des Travaux Publics et du Bâtiment de Vincennes pour devenir topographe-géomètre. Il est déjà ceinture noire de Judo. Il veut continuer à s’entraîner. Vincennes, c’est l’un des coeurs historiques des arts martiaux français, c’est la ville où a été créé le Cercle Tissier. C’est le club où est né le JJB français en 1995. Il en avait aperçu en visionnant les K7 vidéo des 1ers UFC. Il avait été intrigué. « J’avais combattu un Brésilien dans une compétition de Judo. Ca avait été super chaud au sol, sur les étranglements, les clés… ! ». Au Cercle Tissier, Christian Derval et une toute petite équipe de curieux s’étaient lancés dans l’apprentissage de cette nouvelle méthode. Il s’était déjà rendu une fois au Brésil. Mais c’était vraiment les prémices du JJB en France quand Patrick Bittan s’est inscrit au cours à la rentrée 96. « On était à la recherche des techniques, de la philosophie. Je me souviens de mon 1er cours ! Il y avait un lutteur super fort physiquement. Il nous attrapait la tête, nous broyait la nuque, nous cassait en mille morceaux… Il nous pliait ! ». Les 1ers championnats de France de JJB sont organisés en 1997. Environ 200 personnes participent. Patrick Bittan est inscrit en -85 kg et en « toutes catégories ». Résultat ? 12 combats, 12 victoires et 2 titres de champion de France ! L’histoire est en marche…
Ses 1ers Mondiaux au Brésil
Eté 1997. Une nouvelle équipe de France est constituée pour aller disputer les 2e Championnats du monde. Une quinzaine d’intrépides débarquent à Rio. 2000 combattants les attendent. Les Français dorment dans le Dojo de la 1ère équipe Alliance, l’historique, avec Fabio Gurgel, Jacare (aujourd’hui 7e Dan), les frères Viera, Comprido… « J’étais ceinture bleue. On s’est entraîné avec eux pendant 2 semaines, 3 fois par jour. C’était la guerre à chaque Randori ! On apprenait tout sur le tas : garde ouverte, demi-garde… On dormait sur le tatami. C’était assez spartiate mais c’était une très belle aventure humaine. Et on avait une échéance : combattre des Brésiliens, au Brésil, à leurs championnats du monde ! ». 3 Français parviennent à franchir le 1er tour, dont Patrick Bittan, un exploit pour cette époque, un souvenir extraordinaire pour ce passionné. « Au 1er tour, j’ai combattu un élève de Mario Sperry, dont j’étais absolument fan. Je regardais toutes ses vidéos. Et, là, je le vois coacher le mec… Et je bats son élève ! C’était une super aventure ! On était les 1ers à battre des Brésiliens ».
Ses 1ers Mondiaux au Brésil
Eté 1997. Une nouvelle équipe de France est constituée pour aller disputer les 2e Championnats du monde. Une quinzaine d’intrépides débarquent à Rio. 2000 combattants les attendent. Les Français dorment dans le Dojo de la 1ère équipe Alliance, l’historique, avec Fabio Gurgel, Jacare (aujourd’hui 7e Dan), les frères Viera, Comprido… « J’étais ceinture bleue. On s’est entraîné avec eux pendant 2 semaines, 3 fois par jour. C’était la guerre à chaque Randori ! On apprenait tout sur le tas : garde ouverte, demi-garde… On dormait sur le tatami. C’était assez spartiate mais c’était une très belle aventure humaine. Et on avait une échéance : combattre des Brésiliens, au Brésil, à leurs championnats du monde ! ». 3 Français parviennent à franchir le 1er tour, dont Patrick Bittan, un exploit pour cette époque, un souvenir extraordinaire pour ce passionné. « Au 1er tour, j’ai combattu un élève de Mario Sperry, dont j’étais absolument fan. Je regardais toutes ses vidéos. Et, là, je le vois coacher le mec… Et je bats son élève ! C’était une super aventure ! On était les 1ers à battre des Brésiliens ».
Elève de Rickson Gracie
En 1998, après avoir à nouveau remporté deux titres de champion de France (-85 kg et toutes catégories), en manque de concurrence, Patrick Bittan décide de partir aux Etats-Unis, chez Rickson Gracie himself ! « Je voulais avancer dans mon Jiu Jitsu. Je suis parti vivre dans son Académie à Los Angeles. Je revenais en France tous les 6 mois à cause du visa et je repartais. Là-bas, je vivais de petits boulots. Cela coûtait 250 dollars pour faire les cours à volonté ! ». Au total, Patrick Bittan aura passé un an et demi chez le plus grand combattant de l’histoire, invaincu en plus de 400 combats. Il ne va pas être déçu… Dès les premières semaines de sa nouvelle vie, il est soumis à un régime intensif. Les premiers championnats des Etats-Unis télévisés pointent à l’horizon. Les enjeux entre écoles sont énormes, les rivalités à leur comble. Rickson Gracie veut monter l’armada. Il tient à aligner une équipe A et une équipe B par couleur de ceintures. Il y aura 4 élus par catégorie sur plusieurs centaines de combattants. « Le deal était de s’entraîner 1 fois par jour pendant 4 semaines. On avait le droit de rater un seul cours. Si on en manquait deux, on était éliminé. A l’issue de ces 4 semaines, Rickson décidait. La Team A était ceux qu’ils pensaient capable de faire un podium. La B, c’est juste pour qu’ils acquièrent de l’expérience ». Le verdict tombe… Patrick Bittan est choisi dans la Team A pour représenter l’école. Et il va porter haut les couleurs de l’Académie. Le Français est seulement battu en finale. « C’était vraiment incroyable !!!! Et c’est Rickson luimême qui m’a coaché ! »…
Les Championnats US 1998
Los Angeles, championnats des Etats-Unis 1998. « Et moi, et moi, et moi ? », pourrait se dire Patrick Bittan, petit Frenchy perdu, incongru des incongrus. Il est aligné en -85 kg et combat en ceinture bleue. A la surprise générale, il enchaîne les tours comme on enfilerait des perles. Le Français se qualifie pour la demi-finale ! En face de lui ? Un élève de chez Carlson Gracie, l’académie tout autant cousine qu’ennemie, aux styles opposés. « C’était un Jiu Jitsu très violent, très porté sur la bagarre. L’équipe de Carlson était réputée pour ça ! Mon adversaire venait du Vale Tudo. Il était le favori du tournoi. Au tour d’avant, il avait cassé le bras d’un mec de chez nous sur une clé !!!… Rickson et toute son équipe me supportaient. Je me souviens de ses conseils : « la chance que tu as est d’être Français. Tu ne comprends pas ce qu’ils disent. Fais ce que tu sais faire le mieux. J’ai confiance en toi, vas-y ! ». Le combat démarre. Comme prévu, c’est tendu. Les échanges sont à la limite de la régularité. « A un moment, je lui passe la garde. Pour sortir, il me met le pouce dans l’œil. L’arbitre ne voit pas ou n’a pas envie de voir. Cela a quasiment fini en bagarre. Mais, à 1 minute de la fin, je l’étrangle et il tape ! Rickson, tout le monde, est monté sur le tapis. Ils m’ont levé en l’air, comme si j’avais gagné le tournoi ! (il rit). Cela a été très dur de se concentrer à nouveau pour la finale. Je n’étais plus dans le combat ! ».
Les « Panaméricains » 1999
Dans la foulée des Championnats du monde organisés comme tous les étés à Rio, où il passe cette fois-ci 2 tours, il repart pour un 2e séjour chez Rickson Gracie « pour continuer à apprendre le Jiu Jitsu brésilien et l’art du combat ». Il assiste quotidiennement aux cours. Rickson Gracie le considère en bonne estime. Il l’envoie à nouveau défendre les couleurs du club aux Championnats Panaméricains à Miami. « Royler et Rickson me coachaient ! C’était un autre niveau que ce que j’avais connu jusqu’ici ! Je regarde le combat d’un mec de ma catégorie (-85 kg) avec lequel je m’entraînais chez Rickson. Son adversaire lui met une compression au biceps et il lui casse le radius et le cubitus ! Il lui casse les deux os ! C’était Braulio Estima. Si je me qualifie pour la finale, je le rencontre ». Mais le Français n’en aura pas l’occasion. Et il a toujours en travers de la gorge sa défaite en ½ finale. « Je tombe sur une espèce de psychopathe, très violent. Je ne le savais pas mais l’arbitre était son prof. Je lui casse le pied en clé de cheville dans l’axe. Je la sens craquer. Il ne tape pas ! On finit à égalité et il le donne gagnant ! Ca crie, Royler hurle, tout le monde s’embrouille. En finale, le pied bandé, il a abandonné au bout de 20 secondes ».
Gracie, c’est fini
L’année 2000 correspond à son 3e et ultime séjour de 6 mois chez Rickson Gracie. Patrick Bittan décide d’engager une équipe française aux 1ers championnats Rickson Gracie, qui sont organisés à Los Angeles dans l’enceinte de la célèbre université, UCLA. Cela se passe mal, pour lui, comme pour ses élèves et compagnons de route. Il est éliminé dès le 1er tour dans des circonstances qu’il estime encore aujourd’hui injustes. « Je tombe contre un Brésilien. Je lui passe la garde. Dans ma tête, j’ai gagné. On se remet debout et… il lève le bras. Il est déclaré vainqueur !!! On m’explique qu’il a gardé ma manche entre ses jambes lorsque j’ai passé la garde et que celle-ci ne pouvait être comptabilisée. Je suis vraiment énervé… Je vais voir Rickson mais il m’explique ceci, cela, que c’était un Brésilien… C’est là que j’ai arrêté de travailler avec lui. Je reviens des Etats-Unis super déçu. Christian (Derval) m’apprend qu’un énorme tournoi est organisé en Belgique, le BIG, Belgium International Grappling, que je gagne ». En finale des -90 kg, il est opposé à un Brésilien. Comme à l’accoutumée, il n’est pas favori. Il trouve la faille et le finalise sur une clé d’épaule. C’est l’étonnement général ! Le Français réédite sa performance en remportant aussi le tournoi en toutes catégories. Le JJB français s’exporte à merveille. Par là-même, Patrick Bittan gagne un billet pour le Brésil. Mais ceci est une autre histoire…
Pionnier du JJB en France
En 2000, Patrick Bittan s’installe de nouveau en France. L’année précédente, il a fondé la « Bittan Academy ». Il fréquente toujours le Cercle Tissier et contribue au développement du Jiu Jitsu Brésilien en France. Depuis qu’il a commencé le Jiu Jitsu brésilien, en septembre 1996, il n’a manqué aucune étape Il grandit en même temps que le JJB en France. Il assiste aux stages des tout premiers Brésiliens qui daignaient venir, le champion du monde Helio Soneca, Paulo Caruso, Roberto Traven, Jacare, Romolo Barros, le bras droit de Rickson Gracie… « C’était vraiment très important pour assimiler les techniques. Ils nous avaient aussi fait passer les 1ers examens de ceinture bleue ». Les premiers championnats de France de JJB sont organisés en 1997. Quelque 200 personnes sont inscrites, que des précurseurs au profil varié. Patrick Bittan, évidemment. Il gagne, comme en 1998, avant qu’il ne décide de s’exiler aux Etats-Unis, pour apprendre le JJB avec Rickson Gracie. Patrick Bittan séjourne quasiment deux ans chez l’icône du Jiu Jitsu Brésilien. « En France, on stagnait par manque de méthode. Il fallait absolument que j’acquière un programme technique. Au début, les Brésiliens ne voulaient pas me montrer leur Jiu Jitsu. Il fallait que je pioche les idées. J’ai alors pris la décision de noter chaque technique dans un cahier, et même la sensation que j’éprouvais lorsqu’on me faisait subir une technique. J’ai recopié le planning pour les ceintures bleue, violette, marron et noire. Cela, en tout, je l’ai fait tous les jours pendant plus de 12 ans. Je dois avoir 4 classeurs entiers écrits de maîtres, de gens incroyables sur des façons de travailler, sur la philosophie du Jiu Jitsu… Je montre encore aujourd’hui des choses dans mes cours que l’on ne peut pas expliquer sur le Net. On est obligé d’avoir les sensations physiques pour bien sentir la technique. Bref, je reviens en France avec énormément de matière, alors que personne n’avait rien ! J’ai tout donné à Christian Derval. On l’a scrupuleusement fait passer à nos élèves ». Les informations et les leçons acquises qu’il transmet à la communauté du JJB vont changer la donne.
L’Open de France 2000
C’est le rendez-vous à ne pas manquer ! L’un des tout premiers à marquer l’histoire de France ! 2000 voit la naissance de l’Open de France de Grappling. Tout le monde veut y combattre, quelque soit le style ou l’école. Cheick Kongo, Cyrille Diabate, des champions du monde de Sambo… étaient engagés. Patrick Bittan aussi, en -85 kg. Il combat sous la bannière de Rickson Gracie. Il parvient en finale face au redouté Hollandais Martijn De Jong. « Il finalisait tout le monde sur des clés de cheville. Tous ses combats duraient 30 secondes. J’engage. Au bout d’une minute, il m’attrape par clé de cheville. Je mets en application la défense que j’ai travaillée. Je sors et, instantanément, je ré- enclenche en clé d’épaule (Kimura). Je lui ai soufflé : « Soit je te casse l’épaule, soit tu tapes ». Et il tape ». Fort de cette victoire en -85 kg, il s’aligne aussi en toutes catégories qu’il… remporte également. « Comme par hasard, aux quatre premiers tours, je tombe contre des Hollandais qui ne pensaient qu’à venger leur prof !… J’ai fait un vrai festival ! J’avais finalisé à droite, à gauche. En finale, j’affronte un champion du monde de Sambo poids lourd(125kg). Je ne le finalise pas mais je gagne 22-0 ». Et deux nouvelles victoires dans l’escarcelle de l’enfant de Sarcelles !
Flavio Behring en France, c’est lui !
Le JJB français est confronté à un énorme problème en 2000. Les ponts sont coupés avec les Brésiliens, à commencer par Rickson Gracie. Il n’y a plus de référent pour tous ces pratiquants. Le Jiu Jitsu hexagonal vit en autarcie. Le niveau s’est pourtant nettement amélioré depuis les prémices des années 1995-96. Désormais, en compétition internationale, les Français parviennent régulièrement à dominer des Brésiliens, Patrick Bittan en tête. Il faudrait passer à la vitesse supérieure, combattre en ceinture noire. Et s’il y en a un qui peut ambitionner un résultat, c’est bien Patrick Bittan. Il est à fond partant. Il initie l’idée. Mais comment faire ? Comment avoir la légitimité de porter une ceinture au Brésil ? Le hasard va alors évidemment bien faire les choses. « Un Brésilien de passage en France, ceinture violette, est venu s’entraîner à l’Académie, à Pontoise. C’était un élève de Flavio Behring, qui est l’une des 1ères ceintures noires d’Helio Gracie, le fondateur du JJB ! A l’époque, quand Helio montait des combats, c’était du Vale Tudo » Du « tout permis », l’ancêtre du MMA. Bref, Flavio Behring est l’une des ultimes références du Jiu Jitsu brésilien. Il va devenir le « maître » de Patrick Bittan. « Je le contacte. Il n’est pas du tout intéressé par venir. Il finit par accepter. Je prends un crédit ! Aucun 8e Dan, personne de sa stature, n’était encore venu en France ! J’ai organisé un stage à la Bittan Academy où tout le monde est venu. Je l’ai présenté à tous ». Flavio Behring reste 8 semaines chez Patrick Bittan. Ce dernier en profite pour l’informer sur la problématique française, sur l’absence de guide. « Tous les matins, j’étais en cours particulier avec lui. Les après-midi et les soirs, il regardait mes cours. Au bout de 3 semaines, il m’a dit qu’il ne pensait pas que le niveau du JJB était tel en Europe ». A la fin de son séjour, Flavio Behring est enthousiaste. Il a été impressionné. Son histoire avec la France ne fait que commencer.
Ceinture noire !
Avant son départ de France, après 8 semaines passées à observer Patrick Bittan, Flavio Behring s’entretient avec le Français. Le maître brésilien lui annonce qu’il le juge digne d’être ceinture noire. « Quand il m’a dit cela… Je m’en souviens encore… Il a dit : « que ce soit au niveau de la pédagogie, de l’enseignement, de la technique et du combat, tu es ceinture noire ». En 2001, hormis des Brésiliens, l’Europe n’accueillait alors aucune ceinture noire en son sein. La récompense peut être une charge lourde à porter… Flavio Behring balaie l’éventuel problème d’un trait. Il sait que Patrick Bittan a gagné un billet d’avion pour le Brésil au BIG. Il lui propose de venir combattre au « Sao Paulo States », le championnat Paulista. « J’accepte ! Et Flavio a ajouté : « je te validerai ta ceinture noire selon ce que tu feras pendant tes deux semaines à Sao Paulo ». Patrick Bittan s’envole pour le Brésil où il va s’entraîner chez « Macaco, Cyborg, Barbosa, Cicero Costha, Adriano Silva, Fabio Gurgel, Ricardo Murgel, Marcio Corleta, Joao Alberto Barreto, Murilo Santana… Que des gens incroyables ! Des monstres ! ». Championnats de Sao Paulo. C’est la 1ère fois qu’un Européen combat en ceinture noire dans une compétition d’une fédération brésilienne. Les joutes sont prévues sur 10 minutes. Mais Patrick Bittan perd au 1er tour, contre le futur vainqueur. « Je fais les 10 minutes alors qu’il a finalisé tous ses adversaires en moins de 3 minutes. Je perds seulement d’un avantage. Cela a impressionné toute l’équipe de compétition de l’académie. On rentre chez Flavio et là, il m’imprime mon diplôme de ceinture noire ».
Son duel face à Pardoel
Dans les années 90 et au début des années 2000, les duels entre écoles d’arts martiaux sont foison. La tradition est réhabilitée. Elle est même officialisée à travers l’UFC. Quel est le meilleur style ? Qui possède la meilleure technique ? Qui est le plus fort ? L’unique moyen de savoir est le combat. Il ne doit en rester qu’un… Héraut du JJB français, Patrick Bittan est en tête de liste pour porter haut le drapeau. L’idée germe de monter un combat vedette à l’Open de Paris de Grappling. On est en 2002. L’une des terreurs de l’époque se nomme Remco Pardoel, un Hollandais de 110-115 kg qui compte plusieurs apparitions aux tout 1ers UFC en 1994-95. L’idée fait son chemin. Christian Derval en touche un mot à Patrick Bittan. « Sur le coup, je n’étais pas très chaud. Pardoel n’avait mis que des KO à l’UFC. Il pesait 20 kg de plus que moi. C’était un peu David contre Goliath ». Il finit par accepter. Remco Pardoel aussi. Le Hollandais propose un combat illimité en temps. « Dans son esprit, Il fallait qu’il y en ait un qui dise stop ! Personnellement, cela m’arrangeait qu’il n’y ait pas de limite de temps. Mon objectif était d’arriver à ce qu’il soit plus fatigué que moi. Si on combattait en 5 minutes, je ne serais pas parvenu à faire quelque chose. Il aurait tenu rien qu’avec sa force physique ». Il est finalement décidé que le combat doit s’effectuer sur 20 minutes. Pas de souci… « J’arrive à le finaliser au bout de 6 minutes. Il me lève du sol, je tourne, et je lui mets une clé de bras en l’air et il tape ! »
Ses 3 podiums mondiaux
Le rituel est désormais immuable. Chaque année, les Français envoient une équipe aux Mondiaux brésiliens. Patrick Bittan est bien évidemment de la partie. Il est même le fer de lance. En 2001 et en 2002, il participe à la fois aux Championnats de l’état de Sao Paulo et aux Championnats du monde à Rio. Il est désormais ceinture noire et combat avec l’élite de l’élite, la crème de la crème. Margarida, Saulo Ribeiro, Jamalo… sont dans sa catégorie. Ses progrès sont évidents mais pas suffisants. Il parvient toutefois en finale des Championnats de Sao Paulo en 2002 où il affronte le Brésilien Demian Maia. « Il me finalise. Il était trop fort ! Je n’avais pas encore assez de métier en tant que ceinture noire. On peut avoir du cœur, de l’envie de combattre mais maîtriser le timing, mettre le poids de corps où il faut, passer la bonne technique au bon moment… Je n’étais pas encore au niveau. J’avais des progrès à faire ». L’année suivante, en 2003, Patrick Bittan et ses compagnons de route reprennent leurs habitudes estivales : direction le Brésil pour 3 à 4 semaines afin de s’entraîner dans les meilleurs écoles et disputer les compétitions internationales. Au championnat de Sao Paulo, où il combat des stars du JJB (Cicero Costa, Adriano Silva), il finit à nouveau 2e . Aux Championnats du monde (IBJJF) organisés à Rio, Il est éliminé au 2e tour. Mais à la Coupe du Monde de Sao Paulo, Patrick Bittan réalise l’exploit de devenir le 1er Français à monter sur un podium mondial. Il remporte la médaille d’argent (-85 kg), seulement dominé en finale par Demian Maya (champion UFC). « C’était énorme ! Un podium en ceinture noire ! Le travail commençait à payer ». Et il est remarqué. Mister Macaco himself prend Patrick Bittan dans son équipe pour la « Pro League Grappling », un événement diffusé en direct à la télé brésilienne, le « happening » de l’année. Le Français ne cesse d’être surpris et de surprendre. Il parvient en finale où il s’incline d’un avantage. « Contre le bras droit d’une école rivale de celle de Macaco « Godoi ». Ils se détestaient. Ca a été la guerre, cette finale ! Auparavant, j’avais combattu un mec originaire de la forêt amazonienne. J’arrive à lui prendre le pied pour lui faire une clé de cheville. Il ne tape pas ! Macaco, qui me coachait, me dit : « tu attends quoi ? Casse-lui le pied ! ». Je ne sais pas pourquoi, j’ai continué, ça a craqué, l’arbitre a arrêté le combat. Il n’attendait que ça. C’est assez particulier !!! ». 2004 est une « annus horribilis » pour Patrick Bittan. Victime d’un accident de moto dans lequel il est victime d’une fracture ouverte tibia-péroné, il enchaîne séjour à l’hôpital et rééducation. A 30 ans, sa carrière semble finie. C’est sans compter sur sa force de caractère. « Dès que j’ai eu le droit de marcher, j’étais sur le tapis, au Cercle Tissier ». Si bien, qu’en 2005, il est de retour en équipe de France. Motivé comme jamais, Patrick Bittan réalise les deux plus gros exploits de sa carrière. A la Coupe du Monde, il se paie le luxe de remporter deux médailles, le bronze en -85 kg et l’argent en « toutes catégories ». « C’était une revanche sur la vie, sur les fractures… Cela a été quelque chose d’incroyable à vivre ».
L’Histoire du Ne-Waza Ju-Jitsu Mondial a commencé par la France
Rencontre avec le Judo… Patrick Bittan « La chance de croiser maître Awazu… » Nous sommes en 2003. Patrick Bittan revient tout juste du Brésil où il a remporté une médaille d’argent aux Championnats du monde, la toute première du Jiu Jitsu Brésilien français. Avec Christian Derval, il décide d’aller à la rencontre du Judo tricolore. Les deux hérauts du JJB français vont se transformer en héros : ils vont présenter leur style devant quelque 500 hauts gradés, tout acquis à la cause de l’école Kano. Récit d’une rencontre historique qui aurait pu effacer une querelle séculaire. En 2003, le JJB français a largement dépassé le stade des balbutiements. En moins d’une décennie, il s’est développé à vitesse grand V. Mais il n’a pas encore atteint la reconnaissance officielle des instances du sport. Il évolue dans son coin, pas en son sein. Pour accélérer le mouvement, pour démontrer la viabilité de leur pratique, Christian Derval et Patrick Bittan décident d’ouvrir les frontières. Ils pensent qu’il faut aller se confronter aux représentants de l’école Kano, en clair le Judo « officiel », celui reconnu et dispensé par le Kodokan au travers de la FFJudo. « On s’est aligné aux championnats de Jiu Jitsu, Ju Jitsu Fighting et Ju Jitsu Duo Fighting », raconte Patrick Bittan. « Puis nous sommes allés voir Eugène Domagata à la Fédération Française de Judo (FFJDA). A l’époque, il était l’entraîneur national du Ju Jitsu Fighting aujourd’hui Président Mondial du Ju Jitsu . Dans son bureau, nous lui avons montré plusieurs vidéos de JJB. Il s’est montré intéresser et, visiblement, il a perçu le potentiel de notre école car il nous a invités, Christian et moi, à intervenir lors du grand stage des professeurs de Judo/Ju Jitsu à Boulouris ». Kano vs Maeda, Ne Waza vs JJB En août 2003, les deux hérauts du JJB français débarquent dans le Var. Judokas de formation, ils ne sont pas en terre inconnue. Mais quand même… Car, en face d’eux, ils vont avoir les plus hauts gradés du Judo français (minimum 5e Dan), qui participent au stage annuel dédié aux enseignants de l’école Kano. Autant dire que l’école Maeda, ce n’est pas leur tasse de thé. « Nous avons eu la chance de croiser maître Awazu (décédé en mars 2016 à 93 ans, il était l’un des fondateurs du Judo français). Nous avons discuté avec lui. Nous, nous lui avons parlé du JJB. Il nous a dit : « ah, la vieille querelle historique des deux écoles ». Kano vs Maeda, Ne Waza vs Jiu Jitsu Brésilien, tradition vs évolution. Mitsuyo « Conde Koma » Maeda, brillant élève de Jigoro Kano, fut envoyé par celui-ci à travers le monde pour démontrer l’efficacité de l’école qu’il venait de fonder. Maeda serait crédité de 2000 combats victorieux. En 1914, il s’installe au Brésil, à Belem (pour l’anecdote, également la ville natale de la famille Machida). Il rencontre un certain Gastao Gracie, père de Carlos et d’Helio, grand-père de Rickson. Le Gracie Jiu Jitsu, l’école Maeda donc, vient de germer. « Montrez-nous ce qu’est ce JJB… » Patrick Bittan va de suite être mis dans le bain de la « vieille querelle historique des deux écoles »… « On m’a empêché de monter sur le tapis car mon Kimono avait des patchs. Il fallait un Kimono tout blanc. Par respect, je me suis exécuté », se souvient Patrick Bittan. « J’ai donné un cours pendant plus d’une heure. A la fin, une ceinture rouge et blanche est venue nous voir et nous a dit : « c’est incroyable ! J’ai l’impression que l’on m’a menti toute ma vie sur les déplacements. Je sens que l’on doit faire comme vous venez de nous le montrer. C’est une voie de travail que l’on avait négligée. Merci ». Le plus dur serait-il fait pour Christian Derval et Patrick Bittan ? Pas encore. Mais la 1ère étape est franchie avec un certain succès. Mais il va leur falloir passer l’échelon supérieur, un quasi « man to man », un JJB vs Ne Waza à la sauce tricolore… « On nous a proposé de nous rendre dans un Dojo attenant. On s’est retrouvé avec 4-5 hauts gradés. Il y avait Patrick Roux, Eugène Domagata, Jean Michel Feste, un entraîneur de l’équipe de France… Et là, on nous dit : « montrez-nous ce qu’est ce JJB » !, en rigole aujourd’hui Patrick Bittan. « Christian expliquait et je montrais sur le tapis. Cela devait durer 5 minutes. Au bout de 25-30 minutes, Patrick Roux, l’expert du Ne Waza français, a voulu essayer. Je me suis retrouvé à faire un Randori avec lui ! ». « Patrick Roux était très fort. C’est une science ! » Un duel à l’ancienne, une opposition de connaissances, une association de compétences… Patrick Bittan conserve de cette rencontre historique un souvenir assez ému. « Le Randori était en Judo au sol. Patrick Roux était très fort. C’est une science ! Il n’utilisait aucune force, il était sur le placement. C’était pareil de mon côté. J’ai lancé des attaques que je savais qu’il ne pouvait pas connaître, des développements du JJB, notamment des positions, qui n’existe pas en Judo. C’est ce que l’on appelle le Jiu Jitsu « invisible » de Rickson Gracie (dont il a été l’élève aux Etats-Unis). A la fin du Randori, Patrick Roux a dit devant tout le monde : « il y a toute une partie du Ne Waza que je ne connais pas » ! ». Cette journée aurait pu (dû) changer l’histoire du Jiu Jitsu Brésilien en France. L’union a failli être scellée. Mais, 15 ans après, force est de constater qu’elle a surtout failli. Marier le Ne Waza et le JJB semble mission impossible. « C’est dommage », déplore Patrick Bittan. « Mais je constate que nous, notre école, le Jiu Jitsu Brésilien, comptons beaucoup de champions de France, d’Europe et du monde en compétition officielle de Ne Waza : Nelly’s Tonco, Laurence Cousin, Océane Talvard… Et beaucoup d’autres ». Et tac !
Netflix a la Bittan Academy
Du 19 au 22 octobre 2016 s’est donc déroulé le tournage de BJJ4Change,une série de documentaires tournés dans plusieurs villes du monde,et qui s’appuie sur Patrick Bittan pour son étape parisienne.Au programme,des entrainements avec des grands noms du sport,des visites des lieux emblématiques de la ville,un tournage dans des endroits inédits… On en a pris plein la vue.Nous avons pris le temps,après l’événement,de nous entretenir avec Patrick pour qu’il nous parle un peu plus en détail de ce projet. Peux-tu nous présenter le projet BJJ4change ? Patrick Bittan : J’ai été invité pour le premier tournage de BJJ4Change à Punta Cana au mois de février dernier en tant que plus haut gradé non Brésilien français et pionnier du JJB en France en compagnie de Roberto « Cyborg » Abreu, Abraham Marte et Rodolfo Vieira. Le tournage s’est bien passé et nous avons tissé des liens. Les réalisateurs ont alors signé un contrat avec la société Netflix pour faire une série de 13 épisodes. 13 épisodes de documentaire sur le sport dont le JJB. Lorsque je suis rentré en France, Netflix m’a contacté pour savoir si j’étais intéressé pour accueillir le tournage d’un épisode à Paris. Au début je pensais que c’était un ami qui me faisait une blague, comment un acteur de l’audiovisuel mondial, pouvait- il me contacter moi ? Au bout de cinq minutes, j’ai compris que ce n’était pas une blague. Pour pouvoir faire aboutir ce projet, il me fallait répondre à quelques critères : • disposer d’une salle privée dans laquelle réaliser le tournage, • limiter le casting à 50 personnes maximum, • présenter un script, un fil conducteur pour l’épisode. Une fois ces critères remplis, j’ai signé un contrat avec eux. Il m’a fallu 7 mois pour monter ce projet extraordinaire. Quel est le but d’une telle initiative ? P.B. : Le documentaire a pour but de montrer comment le sport change la vie des gens. Avec le Jiu-Jitsu, le monde peut être meilleur, sur le tatami on peut être riche, pauvre, noir, blanc… l’important est de s’entraîner ensemble. Avec la série d’attaques terroristes que la France a subie ces dernières années, il nous a semblé important de pouvoir diffuser ce message depuis Paris. Comment s’est déroulé le tournage. Quels ont été les moments marquants ? P.B. : Le documentaire a été tourné sur quatre jours, matin, midi et soir. Le matin et le soir, c’était entrainement : Flavio Behring, Robert Drysdale, Braulio Estima et moi- même avons montré des techniques sur les tapis de la Bittan Academy de Verrières devant une cinquantaine de participants chaque jour. L’après-midi, c’était visite de lieux importants, d’un point de vue touristique et culturel, comme par exemple, le quartier général du GIGN à Versailles, mais aussi le Bataclan, Montmartre, les Champs Elysées… Le premier jour, j’ai adoré ce qui s’est passé entre Braulio Estima et Maître Flavio Behring. Ils ne s’étaient jamais rencontrés sur un tatami bien que Braulio connaisse très bien le petit-fils de Flavio. Une vraie complicité s’est installée en quelques secondes entre les deux hommes. Puis Flavio nous a parlé de son Maître Helio Gracie, de comment il a développé le Gracie Jiu-Jitsu. Braulio confirmait les dires de son aîné. C’était vraiment incroyable à vivre, tous les participants ont ressenti la même chose que moi. Lors du deuxième jour de tournage, Robert Drysdale nous a parlé de son combat d’anthologie contre Marcelo Garcia, en finale de l’ADCC. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, Robert avait attrapé Marcelo avec sa technique signature : le Darth Choke. Il savait que son adversaire allait lui attaquer la jambe et qu’il n’aurait que quelques fractions de seconde pour enclencher sa soumission. Il s’était préparé pour ce combat et il s’est déroulé exactement comme il l’avait prévu. A la fin du deuxième jour, après l’entrainement du matin et la ballade dans Paris l’après-midi, on a terminé la journée avec un entrainement de Crossfit. Tout le monde était très fatigué, mais on pouvait entendre des cris, des souffrances, des gens qui ne s’étaient jamais vus avant se dire « ne lâche pas, tiens bon, on est avec toi ! » De voir un groupe aussi solidaire, c’était fantastique. Lors du troisième jour de tournage, nous nous sommes rendus sur les quais de la Seine où nous avons embarqué sur la péniche « le Mistinguette ». Sur le pont du bateau étaient installés des tatamis et nous allions shooter des Superfights. Dans le script, les trois professeurs devaient s’affronter. Je me suis alors rendu compte que j’allais devoir me frotter à Braulio et Robert. Un moment fantastique, un échange technique incroyable, une chance inouïe. Petite anecdote : le départ du bateau était prévu à 14 heures. Une heure avant, Braulio me dit qu’il a oubié son kimono à l’hôtel, à 45 minutes de là. Je file en vitesse à l’hôtel, mais sur place ils ne voulaient, logiquement, pas nous ouvrir la porte de sa chambre car lui seul le pouvait. J’ai dû faire appel à un ami policier qui est venu en uniforme et qui a fait ouvrir la porte, tout ça pour pouvoir récupérer son kimono… Pour la scène finale de cette troisième journée, nous avions prévu de tourner sur le parvis des droits de l’homme au Trocadéro. Malheureusement, nous n’avions pas eu l’accord de la préfecture de police pour le tournage, mais il en fallait plus que ça pour nous arrêter. Et puis, ça n’allait durer que quelques secondes. J’ai pris l’initiative de faire venir un camion avec les tatamis. En quelques secondes, nous avons installé les tapis sur le parvis et envoyé quelques combats pour le tournage. Les badauds commençaient à peine à s’attrouper autour de nous que nous remballions déjà le matériel. Il n’était pas non plus question de se faire arrêter ! Un moment très fort aussi, à été la visite du centre d’entrainement du GIGN, de pouvoir voir comment les hommes d’exception s’entrainent et s’entretenir avec eux, c’était vraiment intéressant pour tous les participants. Quand sortira le documentaire ? P.B. : La série sera composée de 13 épisodes dont cinq sur le Jiu-Jitsu Brésilien. Le tournage aura lieu dans huit pays différents et à ce jour, il reste encore cinq pays à visiter. Prochain tournage en Israël puis en Inde et au Japon. Le montage devrait être bouclé dans 18 mois environ. Es-tu satisfait du déroulement du tournage ? P.B. : Lorsque que l’on prépare un événement inédit de cette envergure, pour une chaîne comme Netflix, on est un peu sous pression ! Je n’avais pas le droit à l’erreur. Mais chaque événement ou intervention était programmé depuis longtemps. Il y a toujours des impondérables, comme des oublis de kimono ou des retards d’avion. Mais en ce qui me concerne, tout s’est passé à la perfection. Si je devais le refaire, je ne changerais rien. Je suis très fier de tous les participants du camp qui ont montré un niveau technique, une amitié, un amour de notre sport incroyables. J’ai fait beaucoup de camps, beaucoup d’entraînements à l’étranger, celui-ci restera gravé dans ma mémoire comme un événement particulièrement fort. As-tu des personnes à remercier ? P.B. : Je tiens à remercier Roberto Abreu qui m’a invité à Punta Cana pour le premier tournage. Je remercie également la direction de Netflix, le réalisateur Amar Kaleka et son équipe ainsi que les différents clubs qui sont venus se joindre à nous. Je remercie BJJPix, Gracie Mag, Adidas, Venum, Karate Bushido, France TV, Canal+, BJJHeroes, AB production, et les bateaux Alizée pour leur participation. J’aimerais dire un mot à mes élèves, qui me suivent depuis tant de temps. Je sais que je vous demande beaucoup, que je suis très exigeant, mais sans ce professionnalisme on n’aurait jamais pu avoir un tournage comme celui-ci en France. Merci pour votre respect, votre fidélité et surtout votre niveau de Jiu-Jitsu qui ne cesse d’augmenter.